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L'investissement forestier : focus

Le 15/04/2021
Focus sur l'investissement forestier dans cet entretien de Charles Anglès, responsable pôle immobilier, crédit et assurance de BPE avec Jean-Baptiste Roumier, directeur de la clientèle privée à la Société Forestière filiale du groupe Caisse des Dépôts.

En tant que directeur de la clientèle privée à la Société Forestière, constatez-vous un engouement des épargnants en quête de sens dans le choix de leurs investissements ?

L’investissement forestier est effectivement de plus en plus plébiscité par les épargnants qui recherchent, en ces temps incertains, des actifs réels, tangibles et résilients, capables de créer de la valeur sur le long terme mais qui sont, également, et dans le même temps, porteurs de sens et d’utilité pour la Société.

La forêt présente en effet de nombreux atouts : elle permet de diversifier son patrimoine, de le décorréler des autres grands actifs mais également de le transmettre dans des conditions optimales. A ce titre, c’est un actif à part entière, qui, sur moyenne ou longue période, permet de pondérer et d’amortir les fluctuations économiques mondiales et d’assurer ainsi une vraie garantie contre la volatilité des marchés et leurs évolutions parfois brutales et erratiques. 

Mais elle donne aussi accès à beaucoup plus encore, à raison de ses nombreuses autres qualités intrinsèques.

Elle est, en effet, un lieu de production de bois, matériau d’avenir, écologique et renouvelable, formidablement utile pour faire face aux défis que représente la nécessaire transition énergétique à laquelle nos sociétés, plus que jamais, doivent collectivement faire face.

Ainsi, dans le cadre d’une gestion forestière respectueuse de l’environnement, dynamique et durable, la forêt apporte de vraies réponses aux grands enjeux environnementaux mais aussi sociaux. A cet égard, on notera que la filière forestière française représente dans son ensemble environ 400.000 emplois, pour l’essentiel situés au creux de nos territoires.

Dès lors, dans une période où l’investissement socialement responsable (ISR) est devenu une authentique préoccupation, de plus en plus d’acteurs économiques, souhaitent, chacun à leur place, contribuer à préserver autant que faire se peut la nature et contribuer à diminuer leurs empreintes carbone. A ceux-là, la forêt apporte de vraies réponses à leurs aspirations, ce qui explique pourquoi elle est autant recherchée.

Clairement, les forêts rendent de grands services à l’environnement et sont plus que jamais un outil essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique. Elles contribuent largement à la stabilité du climat en permettant de réduire la quantité de dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère. Mais leur rôle sur le climat est aussi d'améliorer la qualité et la disponibilité de l’eau, sans oublier leur rôle dans la régulation des températures.

Le placement forestier s’inscrit donc pleinement dans l’enjeu d’un développement durable et constitue un moyen efficace de protéger et valoriser l’environnement tout en préservant la biodiversité.

En conclusion, compte tenu de ses nombreuses qualités et des services qu’elle rend à la Société - nous constatons une croissance très forte de la demande d’investissement en forêt de la part d’épargnants qui souhaitent que leur patrimoine fasse pleinement et durablement sens. C’est ainsi pour nous une formidable opportunité que de les accompagner dans cet investissement de « conviction »…

 

Existe-t-il des labels pour certifier les actions qui sont menées pour protéger les forêts dans nos territoires ?

Il existe deux labels disponibles en France qui permettent de certifier qu’une forêt est gérée durablement.

Toutefois, le principal garant de la protection des forêts en France est le code forestier, promulgué en 1827 et largement révisé par la loi du 8 mai 1951. L’Article L112-1 est à ce titre explicite, en inscrivant que « Les forêts, bois et arbres sont placés sous la sauvegarde de la Nation » puis en reconnaissant d’intérêt général « la protection et la mise en valeur des bois et forêts ainsi que le reboisement dans le cadre d'une gestion durable ». Ce même article rend également d’intérêt général les services rendus par les forêts, à savoir les ressources génétiques et la biodiversité forestière, la protection de la ressource en eau et de la qualité de l’air, la protection et la fixation des sols forestiers et enfin le stockage de carbone en forêt et dans les produits bois. Tout ceci « sans préjudice des titres, droits et usages collectifs et particuliers » et donc notamment en préservant les droits de propriété.

La France est ainsi un des rares pays dans le monde à s’être doté d’un appareil juridique et réglementaire dédié à la bonne gestion des forêts de son territoire. Un propriétaire doit disposer d’autorisations administratives pour récolter du bois dès lors que cela dépasse son usage strictement personnel. Après chaque récolte, il doit également s’assurer du maintien de l’état boisé de sa forêt et procéder, dans les 5 ans, aux reboisements nécessaires. Tout propriétaire de plus de 25 hectares de forêt doit disposer d’un Plan Simple de Gestion agréé par l’administration forestière et dont la mise en œuvre est contrôlée par les services de l’Etat.

En complément, tout propriétaire a la possibilité de faire certifier par un tiers extérieur et indépendant la gestion durable de ses forêts. Ces labels sont principalement issus du Sommet de la Terre tenu en 1992 à Rio. Ils partaient du constat que les réglementations nationales n’étaient pas suffisamment fortes dans de nombreux pays pour éviter la déforestation. Le label PEFCInvestissement forestier - Label PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification), leader mondial de la certification forestière, est le plus utilisé en France. Créé en 1998, à l'initiative des propriétaires forestiers de six pays européens, il se voulait simple de mise en œuvre en partant du constat que ces pays disposaient d’une réglementation nationale suffisante. Il s’appuie sur une démarche d’amélioration continue.

Le label FSCInvestissement forestier - Label FSC, Forest Stewardship Council, pour sa part,  a été créé en 1993 à l’initiative de WWF et de grandes industries papetières. Deuxième certification mondiale, elle est considérée comme étant plus exigeante que PEFC, en intégrant notamment des problématiques de concertation des parties prenantes. FSC est une certification de performance, qui nécessite l’atteinte d’un certain niveau d’exigence avant d’être certifié. Elle est également sensiblement plus couteuse pour les propriétaires. En France, près du tiers de la forêt est certifiée PEFC (5,6 millions d’hectares) alors que seulement 80 à 90 000 hectares sont certifiés FSC.

Pour finir, à noter que la Société ForestièreInvestissement forestier - Société Forestière propose systématiquement à ses clients la certification PEFC et qu’elle dote en 2021 de la capacité à leur apporter la certification FSC s’ils le souhaitent, dans une démarche de double certification.

 

Comment un investisseur peut-il participer concrètement au développement durable des territoires ? 

Être investisseur et/ou propriétaire forestier, c’est s’engager, avec son gestionnaire sylvicole, à gérer durablement des surfaces boisées et à respecter la multifonctionnalité des forêts françaises. C’est-à-dire garantir la fourniture constante à la fois de bois, ressource intrinsèquement renouvelable et matériau combinant performance, durabilité et adaptabilité et des services écosystémiques qu’offrent les forêts et les préserver.

Avec l’ensemble de la filière bois, l’investisseur forestier participe naturellement à l’emploi local dans des territoires ruraux et contribue ainsi au développement économique régional tout en préservant les multiples services rendus par la forêt, contributeurs directs des Objectifs de Développement Durable :

  • la régulation du climat local et global par l’optimisation de la forêt en tant que pompe à carbone (ODD 13)
  • la préservation des zones humides ou aquatique en milieu boisé (ODD 6)
  • a protection et la restauration de la biodiversité (ODD 15)
  • la protection des sols contre l’érosion (ODD 15)
  • le maintien du paysage dans les territoires à fort enjeux
  • la production de bois d’œuvre (ODD 9), de bois d’industrie (ODD 12) et dans une moindre mesure, de bois énergie (ODD 7).

D’un point de vue économique, l’investisseur forestier peut, de par la sylviculture qu’il mène, participer à la promotion de solutions d’avenir comme la conception de produits de construction plus écologiques car fléchant vers des usages à très longue durée de vie comme du bois construction (charpente, CLT, etc.). Ces pratiques sont nécessaires au développement d’industries locales, dotées de savoir-faire et de technologie françaises, réduisant les déséquilibres commerciaux qui existent actuellement sur ces produits et évitant de la déforestation importée.

Il est également désormais possible de valoriser certaines fonctions environnementales de la forêt sans être nécessairement propriétaire du foncier. L’une de ces fonctions est bien sûr la séquestration de CO2 par la croissance des arbres. Réalisé dans un cadre réglementé, le dispositif Label bas-carbone assure l’additionnalité d’un projet qui permet à un acteur de se prévaloir, à travers le financement qu’il consent et en tant que déclencheur du projet, d’une contribution directe à la Stratégie Nationale bas-carbone de la France et de « compenser » ses propres émissions résiduelles (par exemple pour parfaire une stratégie climat de neutralité carbone à un horizon donné, tout en respectant la séquence Eviter, Réduire, puis, Compenser).

Les projets de compensation en France sont particulièrement vertueux car ils répondent à un label très robuste d’une part et qu’ils comptent plusieurs cobénéfices parmi lesquels une catégorie socio-économique démontrant que le projet a fait intervenir des entreprises locales qui peuvent aussi être vecteur de réinsertion professionnelle ou d’aide à l’emploi de personnes en situation de handicap par exemple. L’investisseur du projet participe donc, encore ici, et sans en détenir le foncier, au développement d’un territoire, par l’entremise d’un projet durable et vertueux par essence.

Dans la même idée, la Société Forestière souhaite développer des projets de préservation ou de restauration de la biodiversité en forêt qui feraient l’objet de Paiement pour Services Environnementaux concourant à la fois à donner une valeur à cet enjeu prioritaire (au bénéfice du propriétaire forestier) et à faire levier sur de l’investissement externe où le financeur pourrait ainsi communiquer sur ces programmes emblématiques porteurs de solutions locales et en cohérence avec le territoire. A titre d’exemple, ces projets pourraient être la réintroduction d’espèces emblématiques ou parapluie, l’aménagement de continuum écologique à des échelles ambitieuses, comme autant de trames vertes ou bleues, ou encore par la restauration d’un biotope particulier.

En conclusion, être propriétaire forestier ou investisseur de projets forestiers c’est être porteur des solutions locales, fondées sur la nature, de nos régions.

Pour en savoir plusInvestissement forestier - Lien vers le CP