Avis d'expert

Investir dans le secteur de la santé

Le 11/12/2019 par Sébastien Racine et Christine Lebreton
Dans ce nouvel entretien de Sébastien Racine, directeur adjoint de la Gestion Sous Mandat de BPE et Responsable Multigestion, Christine Lebreton, gérante du fonds LBPAM Actions Santé +, donne quelques clés de lecture de l'investissement dans les valeurs de santé.

Pourquoi investir dans le secteur de la santé ?


Il s’agit d’un secteur qui bénéficie de plusieurs tendances lourdes : la démographie (augmentation et vieillissement de la population), la croissance des dépenses de santé dans les pays dits émergents avec l’augmentation du niveau de vie et la mise en place de systèmes de santé, le développement des maladies chroniques (« occidentalisation » des modes de vie : alimentation, sédentarisation, urbanisation) et l’existence de besoins médicaux toujours non satisfaits. Le marché pharmaceutique devrait ainsi croître de 3-6% par an sur les cinq prochaines années (source : IQVIA Institute). C’est un secteur défensif car peu sensible à l’environnement macro-économique.


Comment investir dans le secteur de la santé ?


Le secteur peut être décomposé en plusieurs segments : les laboratoires pharmaceutiques, les biotech, les services médicaux (maisons de retraite, hôpitaux…) et les équipements médicaux (dans le domaine dentaire, de l’audition, du diagnostic…). Le secteur est très riche en Europe, avec des leaders mondiaux (4 groupes pharmaceutiques européens dans le top 10 mondial) mais aussi des  sociétés de toute petite taille. Les opportunités et les risques sont bien sûr différents d’un segment à l’autre : croissance régulière dans les services, croissance plus élevée dans les équipements mais avec des risques de rupture technologique, et pour les laboratoires pharmaceutiques, un portefeuille diversifié sur plusieurs axes thérapeutiques/molécules ou au contraire très concentré et donc très exposé à l’arrivée de concurrents et à l’expiration des brevets. Le secteur est régulièrement animé par des opérations de fusion-acquisition, ainsi que des arbitrages au sein du portefeuille d’activités des grands laboratoires.


Des points de vigilance particuliers ?


Le coût des dépenses de santé est régulièrement au centre de débats, notamment aux Etats-Unis, premier marché mondial. Le consensus pense que le Président Trump ne pourra sans doute pas passer de réforme majeure avant son élection, mais des bruits négatifs viennent régulièrement semer le trouble. La Chine a simplifié les procédures d’approbation des nouveaux médicaments, mais a mis en place un système d’appel d’offres (« 4+7 ») qui conduit à des baisses de prix sensibles. On gardera à l’esprit cependant que les baisses de prix vont souvent de pair avec des hausses de volumes, comme on a pu le voir avec la réforme Obamacare, promulguée en mars 2010, appliquée à partir de janvier 2014. Les investisseurs sont très attachés à la croissance du CA pour évaluer les sociétés du secteur de la santé. In fine, il faut donc être vigilant à la trajectoire des produits et services déjà lancés (concurrents, protection intellectuelle) et bien comprendre le potentiel des produits en développement, de la société étudiée et des concurrents. La santé est un marché global dont les cartes sont régulièrement rebattues avec des challengers qui deviennent leaders en quelques années.